Caleluna

Ajt Codex Urbanus « street arteur »

 Portrait-Culture-Codex-E

 

Tu nous viens tout droit de Lascaux


Il est vrai qu'à Lascaux, on y faisait de la peinture rupestre. Mais, je ne suis pas un chasseur et mes « bêtes » n'existent pas. Les images que je crée viennent tout droit de mon imagination. Je peins des animaux stylisés sur les murs de Paris. Nous sommes proche de l'allégorie de la caverne de Platon. Je choisis toujours des endroits authentiques. Certains murs m'émeuvent, ils sont là pour moi, c'est en quelque sorte un rendez-vous urbain.


Un livre ouvert


Je compose un livre sur les murs de Paris, dont les pages se tournent avec le temps. Mon bestiaire est sans fin.  C'est un livre labyrinthe. Chacune de mes créations porte un numéro comme dans un codex. Je dépose régulièrement des indices pour comprendre la numérotation. Je perds hélas un certain nombre de mes créations, la mairie efface régulièrement mon bestiaire de béton. J'ai perdu ma baleine pachyderme dernièrement.

 Portrait-Culture-Codex-B


Un déclic


Black Rock City a été un grand moment dans ma vie qui a rendu mon travail dans la rue possible. J'avais besoin d'activité artistique. B.R.C a ouvert le champ des possibles. J'avais un besoin, ça été comme une révélation, une mise en application de moi-même. J'y retourne tous les ans. On est dans une quête éperdue du bonheur, une communion. Il y a une effervescence, un partage. On ne se mesure pas à la société, mais au cosmos.

Portrait-Culture-Codex-D


Art


Avec mon bestiaire,  je veux créer un incident dans la rue. Je mélange les cartes et je joue avec la réalité. L'art va plus vite que les mutations et transmutations symboliques, il y a quelque chose de mystique. L'art est un superflu nécessaire face à la deshumanisation de la vie. C'est pour moi non seulement une thérapie mais un plaisir, le temps s'arrête, ca donne du sens. J'ai le sentiment d'être seul dans la nuit.


C'est beau une ville la nuit


Je suis un urbain car je suis malheureux à la campagne. D'où mon nom Codex pour le livre et Urbanus pour le côté urbain. je kiffe Paris sous toutes ses coutures, de toîts au sous-sol... Les Catacombes de Paris sont un véritable musée, c'est l'un des endroits les plus fascinants au monde.
La nuit, la ville est à moi. J'aime les murmures de la ville, il y a un bruit, une ambiance unique. J'ai souvent le sentiment d'en être le gardien. Nous ne sommes pas nombreux à faire du street art à Montmartre... Il y a probablement encore des artistes en marge, enfin je l'espère. En revanche, Montmartre devient une ville-musée, avec des attrapes touristes et je suis un des rares à faire quelque chose d'authentique sur les murs de la butte.

Portrait-Culture-Codex-a


Street Art

On retrouve dans le street art un côté non académique face au marché, comme dans l'Impressionnisme en 1863.  Il y a une réelle analogie entre l' Impressionnisme/académisme et le street art/art contemporain. De la même façon, le street Art explose  mondialement comme a explosé l'Impressionnisme en son temps.

Le street art est une production artistique, unique et authentique, placée dans la rue et pensée pour y être. Cela comprend donc le graffiti, même si ses codes sont très particuliers et qu'il s'agit d'un monde à part. Pour moi, c'est le graffiti qui a ouvert la voie au Street art.

Le street art est une grande catégorie, et tout ne doit pas être rangé au même niveau. Des gens qui offrent à la ville des créations uniques ne sont pas au même niveau que des gens qui utilisent la rue pour mettre des copies. Les personnes qui prennent des risques légaux plus élevés sur les voix ferrées ne sont pas au même niveau que ceux qui préparent tout chez eux et collent. C'est important de souligner la différence, même si cela ne préjuge pas de l'oeuvre en elle-même au départ. Et personnellement l'art conceptuel m'ennuie dans les musées, alors au final il m'ennuie aussi rapidement dans la rue.

 

Portrait-Culture-Codex-C


Artiste à la marge


J'écris un manuscrit urbain. Mes insectes et animaux sont eux aussi à la marge de la nature. Vivre à la marge est pour moi un paradigme. J'ai une formation scientifique à l'origine, école de commerce et MBA. Pour moi, les paradigmes économiques et sociaux sont des mensonges. Mes études m'ont très rapidement lassé. Les métiers sur lesquels elles débouchaient m'ont rendu malheureux pendant 10 ans. Il m'a fallu par la suite jouer avec les règles. Déconstruire pour reconstruire, reconstruire une cohérence, ma démarche est le fruit d'un long chemin.

Interview de Codex réalisée par Franck Taisset pour caleluna.fr