Un petit air de violon d'Inde
Portrait d'Olivier Remualdo, photographe et auteur de Sâdhus les hommes saints de l'hindouisme.
Une rencontre en bénédiction
- Lundi, mon réveil sonne trop tôt comme bien souvent, une journée bien chargée s'annonce. Une rencontre aussi. Nos chemins devaient se croiser, c'était écrit. Nous étions tous deux au salon du livre à la recherche d'un éditeur... Mais c'est au salon du tourisme où nos routes se sont croisées. J'ai été immédiatement interpellé par les photos qu'il exposait. Quelques échanges très rapides et un Rendez-vous pris le lendemain à la terrasse d'un café, en face de la porte de Versailles, à Paris. Rencontre peu anodine, dès le début, en effet, un invité nous accueille. Un courtois pigeon, nous offre ses excréments en offrande, à notre arrivée. Nous sommes maintenant bénis. Notre rencontre est maintenant fixée sur nos vêtements. C'est un signe. Les dieux nous écoutent, ils sont avec nous. Nous sommes désormais en Inde, avec ses 330 millions de Dieux. J'ignore quel Dieu est parmi nous aujourd'hui. Mais ce que je sais, c'est que l'homme en face de moi est béni des sages de l'Inde.
L'Inde
- Olivier a fait le voyage sept fois, « le grand voyage ». « L'Inde est une synthèse de l'humanité. On y rencontre le pire comme le meilleur. Mais il m'est arrivé plein de belles choses autour de ce projet, des choses inexplicables, j'y ai rencontré de belles énergies. L'énergie et l'amour, c'est la même chose en fait. L'Inde est un pays plein de vibrations. Ce qui est drôle c'est qu'aujourd'hui en Inde se côtoie les deux mondes, le monde moderne comme le notre et le monde ancien empli d'amour. Il existe certainement dans la société occidentale des Sâdhus, mais des Sâdhus dans le cœur.»
Les Sâdhus.
- Olivier s'est pris de passion par ces hommes saints, les Sâdhus. « Ce sont les icônes de l'Inde contemporaine. Ils ont souvent quitté leur ancienne vie, changé de nom, fait des vœux et pratiquent une vie ascétique et la méditation. Les Sâdhus ont décidé de quitté le monde dans lequel nous vivons, le monde de l'illusion, avec une promesse de libération au final. On les retrouve généralement le long des grands fleuves entre l'Inde et le Népal. »
- « Nous sommes des poussières d'étoiles. La constante de la vie est la transformation. Les Sâdhus vivent dans le présent. Mes photos représentent un lieu, une rencontre dans le moment présent. »
La photo
- Olivier les capture à l'aide de son appareil numérique Nikon 300 dans un studio artisanal démontable en tissus. Face à face, il isole le sujet, centre le regard. Pour Olivier, la photo est une invitation à voir en soi. « Toute photo que tu fais est un auto portrait. Le photographe conditionne le rendu final. » Un peu comme une personne qui parle de quelqu'un et qui en fait parle d'elle-même, au travers cette personne. Je retrouve d'ailleurs une certaine similitude dans l'expression du regard d'Olivier et dans le portrait du Sâdhu, qu'il vient de m'offrir. L'homme sur la photo m'interpelle, me fixe, me parle. Mais que me raconte-t-il? Je ne parviens pas consciemment à le comprendre et pourtant, je sais qu'au fond de moi-même, certains messages me parviennent. Je perçois notamment une bienveillance à mon égard, une bienveillance que nous avons oublié dans nos sociétés actuelles. Une sagesse séculaire dont Olivier se veut transmettre. « J'aime l'idée de Malraux de réintégrer le divin dans l'homme. » Olivier a promis a chaque Sâdhu pris en photo de parler d'eux à son retour. « Il y a une promesse de partage dans mon livre. »
Un livre : Sâdhus, les hommes saints de l'Hindouisme
- « Le plus important est le chemin que l'on prend et non le but. La vie est un changement perpétuel. Une chose en amène une autre. Après avoir constitué ce fond photographique, j'ai pensé par la suite à en faire un livre. Je n'aurais jamais pensé réaliser ce livre, on se limite souvent soi même dans ce que l'on est capable d'accomplir. »
- Le temps passe vite, nous aurions voulu passé un moment plus long ensemble, mais nous sommes déjà en retard à nos rendez vous de l'après midi. Olivier me quitte par des paroles en Indie que je ne comprends pas mais dont je sens à nouveau la portée bienveillante dans leur mélodie.