Une rencontre avec Lofofora
L'épreuve du contraire
Ils en sont à leur 8ème album et ce n'est pas un hasard. L'Epreuve du contraire est sortie en septembre dernier. Le groupe nous entraîne comme toujours sur les chemins du hard et métal. Sans aucun doute un album percutant ! Dans la vraie vie, ils sont chaleureux et plein de joies. Ils nous livrent ici un peu d'eux mêmes.
Pourquoi avez-vous choisi le rock comme moyen d'expression ?
Ce n'est pas un hasard, je suis de la génération d'Hara-Kiri, de François Cavanna et du professeur Choron.
Je pense qu'il y a un peu d'eux dans le punk rock. On retrouve des similitudes comme la provocation, le partage, quelque chose d'entier et d'humaniste.
Il a aussi un plan d'égalité avec le public que l'on ne retrouve pas dans tous les styles de musiques. Ils nous ont montré qu'ils n'étaient pas différents de leur lecteur. On est tous pareil finalement... C'est la même chose dans le rock.
Le do it yourself nous est très cher. Il signifie que moi aussi je peux le faire... Il y a une notion de liberté et beaucoup d'électricité dans cette expression.'
Comment passe t-on de l'inspiration à la pratique (faire de la musique)?
Dans le rock, tu sautes et après tu vois si tu as un parachute.
Les débuts sont difficiles, mais c'est un choix. Et il faut relativiser, il y a bien pire dans le monde, que chanteur de rock en France... Il faut avant tout savoir avec qui faire les choses. L'essentiel est de se sentir libre. On fait vraiment ce qui nous plait. Comme au premier jour, nous avons soif de concert.
Vous êtes un groupe engagé ?
Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours voulu être un gangster. Nous n'avons pas tous les même avis dans le groupe, nous nous situons entre l'anarchisme et le gauchisme. Ca relativise un peu. Mais nous ne sommes pas des donneurs de leçons. Néanmoins, toute vérité est bonne à dire. Nous soutenons pas mal d'associations à tendance écologiste. Notre musique reste un exutoire, il y a quelque chose de primitif dans notre travail.
Vous êtes tout de même un groupe contre...
Si mon cœur est violent, voit le monde qui m'entoure. Lofofora.
On n'aime pas trop le côté chanteur engagé. Mais nous ne faisons pas semblant, on a certes un côté un peu porc épic.
D'où votre nom Lofofora, le cactus...
Il y a de ça, mais nous sommes aussi très sensibles à la culture amérindienne. Ils ont une fibre écolologiste. Ils utilisent notamment le cactus pour des rites de passage à l'âge adulte. Ce qui ne nous est pas encore arrivé !.
Il existe encore des provocateurs aujourd'hui ?
Oui, Gaspar Proust, le Bonjour Tristesse, Dupontel, Lady Gaga d'une certaine manière
L'épreuve du contraire
C'est le titre de notre dernier album, mais c'est aussi notre vie. Nous ne sommes pas intéressés par le profit, on aime les tournées, la rencontre avec le public. Nous sommes avant tout des artisans de la musique. Lofofora est une histoire de copains.
On retrouve aussi le contraire dans le comportement " skyzo " de la planète. La guerre pour avoir la paix. On veut une planète plus propre, mais nous sommes incapables de changer notre mode de vie. Nous nous sentons seuls mais nous ne sommes finalement pas ouverts aux autres...
Il y a une grande relation entre le texte et le son chez Lofofora.
Oui, on part d'un morceau que l'on a composé. Cette mélodie nous évoque un film, une histoire, des couleurs puis des mots. Après, j'essaie de placer ma voix.
Pourquoi utilisez-vous la langue française dans vos textes ?
Il y a un coté immédiat avec cette langue. Les gens réagissent dans l'instant sur scène. C'est génial, surtout lorsque l'on y met un peu de provocation. On aime l'interaction avec le public.
Interview de Franck Taisset pour www.caleluna.fr