Tahiti Boy

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A propos de

A l'heure de la consommation frénétique et immédiate, Tahiti Boy nous rappelle, avec son deuxième album en 6ans, que la prise de temps est aussi nécessaire à la réalisation d'une œuvre de qualité

David Sztanke a le sens du camouflage artistique, et passé la trentaine, a déjà connu plusieurs vies de musiciens. Passant avec agilité de l'électro pop sous le nom de Bitchee Bitchee YaYaYa (Kitsuné) au projet plus incarné de Tahiti Boy and the Palmtree family, producteur (Micky Green, Oxmo Puccino, Emilie Simon, HollySiz...), arrangeur, et «toute cette sorte de choses», il s'est rendu petit à petit indispensable dans le microcosme des compositeurs capables de trouver une mélodie, tel un sourcier facétieux dans une plaine désertique.

Si le piano demeure pour David et ceux qu'il accompagne l'instrument majeur, les samples se sont révélés moteur dans le processus créatif de ses nouveaux titres.

Aussi à l'aise aux commandes d'une musique de film (Wrong avec Mr Oizo) qu'à la tête d'un projet unique aux côtés d'Os Mutantes, Iggy Pop et Jane Birkin (We Are The Lilies), le barbu à lunettes a néanmoins qu'une seule priorité : son groupe.

A bien des égards, David a fait en sorte que Tahiti Boy soit ce personnage capable de se remettre en question, de s'adapter à son environnement. Depuis le début de sa carrière, ce «chef d'orchestre» sait parfaitement surmonter les obstacles et les affres de la création en nous invitant avec maestria à partager son immense enthousiasme musical. Mais celui qui semble si souvent nous inciter à envisager la musique comme un terrain de jeux sait aussi lorsqu'il le faut se faire nostalgique et profond avec un petit sourire en coin bienveillant.

Si le maxi Fireman de Tahiti Boy and the Palmtree family sorti en 2012 annonçait le retour de David Sztanke - Aka Tahti Boy - en tant que frontman assumé, ce nouvel album et l'EP All That You Are qui le précède, sont clairement les œuvres d'un groupe autour de son leader, d'une entité familiale dans laquelle s'est construite l'intégralité du processus de composition. La finalisation du disque s'est faite à New York, mais c'est à Paris que se sont déroulées les sessions qui ont donné forme à Songs of Vertigo.

De ce deuxième album irradie une volonté de passer une étape pour enfin assumer les moments charnières de l'existence. Ces instants vertigineux qui portent en eux les traces d'une «inquiétante étrangeté», concept freudien qui analyse «le malaise né d'une fracture» dans un quotidien (trop ?) rassurant.

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Tahiti Boy and the Palmtree family / New Album

Le cryptique The Awakened en est un exemple parfait. Mais attention! Pas d'atermoiement, ici la passion s'immisce dans tous les interstices mélodiques, le tout soutenu par une production toujours lourde et léchée d'inspiration électronique comme pour All That You Are ou Negociation blues.

Suite logique au EP Fireman, c'est Chris Moore (TV on the Radio, Liars, Yeah Yeah Yeah's) qui a mixé et transcendé ces titres.
Pour ce disque, David Sztanke a laissé tourner son Ipod, passant aux écoutes répétées d'Hot Chip ou encore de Lcd Soundsystem. Mais s'il y'a bien un artiste qui fût le témoin virtuel des errances créatrices de Tahiti Boy and the Palmtree family, c'est Paul Simon et son album Still Crazy After All These Years. C'est d'ailleurs grâce à lui que David s'est réconcilié avec le son du Fender Rhodes dans un titre comme The show.

Des influences ont donc été préférées aux featurings qui auraient pu s'imposer d'eux même tant David a travaillé pour les autres: Emilie Simon, Mr Oizo, Micky Green, Hollysiz ou Saul Williams pour ne citer qu'eux.
Tahiti Boy s'est donc laissé envouter par le chaos de la vie, par l'absence et l'errance (le très beau Journey Man) mais aussi par des rencontres fortuites.

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La chorale gospel dirigée par Franck Zita, croisée sur Fireman Ep (Fireman Reprise) aura été un instant de communion intense et inattendu, donnant parfois une vibration proche de la R'n'B à des titres comme Your Name un morceau ironique écrit alors que Tahiti Boy tournait avec Saul Williams.

Le disque sait aussi se faire grave et sobre avec un titre comme Low Life, un morceau plein d'arrière-pensées évoquant modestement le bilan existentiel d'un homme.

Au final, cet album est un nouveau départ, une photo prise au milieu guet dans un parcours en permanente évolution, un voyage qui conserve en lui une constante : pousser toujours plus loin ce pouvoir mélodique qui semble chevillé au corps de Tahiti Boy and the Palmtree family.

 

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