Luxe
Il y avait les Bacchantes qui furent les nymphes nourrices de Bacchus. Elles couraient çà et là, échevelées, à demi -nues ou couvertes de peaux de tigres, dansant et remplissant l'air de cris discordants. Bien plus tard, il y a eu les bacchantes, les moustaches, peut-être en rapport à la longue chevelure des nymphes. Dali les a d'ailleurs superbement portées. Aujourd'hui, il y a Deluxe. Tout comme les nymphes, Deluxe remplit l'air de sons, mais beaucoup plus mélodieux qu'à l'époque. Sur scène, ce sont des monstres, certainement inspirés de rites ou tragédies d'un lointain passé. Ils m'ont livré une interview qui peut en surprendre plus d'un. Ils m'ont aussi dit qu'ils n'avaient jamais été aussi loin... A prendre au troisième degré bien sûr...
Franck Taisset : Qui parmi vous a la plus belle moustache ?
Deluxe : Celui qui a la plus molle, celui qui a la plus brutale, celui qui a la plus courbée, la plus fatiguée, la plus énervée, l'amoureuse, la blagueuse...
FT : D'où vient votre nom ?
D : C'est le nom d'une marque de barbecue. Nous sommes fans de barbecue. Il y a d'ailleurs parmi nous un champion de la chipolata de la région Paca. Il a d'ailleurs breveté un attrape saucisse. On peut prendre jusqu'à dix saucisses à la fois. Les chipos aux herbes dans notre région sont délicieuses. En fait, tout notre groupe tourne autour de la chipo. Sans chipo il n'y aurait pas de groupe.
FT : Lors d'un concert, on reconnait donc votre loge à l'odeur de saucisse ?
D : Non, on ne fait pas ça dans les loges, mais au parking. On n'est d'ailleurs pas souvent dans les loges. Tu viendras en manger une avec nous à notre prochain festival. Tu verras, chacun d'entre nous à un rôle, Lili a l'organisation, Pepe a l'intendance, Marcel au design...
FT : Vous avez la ligne pourtant.
D : Ya pas à chipoter, on chasse la saucisse et on fait du sport, beaucoup de foot. Heureusement, car l'un d'entre nous est capable de manger jusqu'à une vingtaine de saucisses en un repas. Lili est la plus sportive de nous tous, elle a été championne en patinage artistique dans sa jeunesse au Canada.
FT : Comment avez-vous composé votre dernier album ?
D : Disons que nous avons pris des poules sous notre aile. Les poules ont un don pour la composition. Nous organisons une cérémonie avec une arène comprenant plusieurs mots. Des mots de tempo, d'harmonie, des notes, des styles, des instruments... On coupe la tête d'une poule, qui continue à marcher, puis elle se pose sur une case... On réalise ce rite plusieurs fois et après on compose selon les indications des poules.
FT : Comment poses tu ta voix sur la mélodie ?
Lili (la chanteuse) : En fait, ils me font manger des chipos périmées. Je tombe dans un état d'inconscience et je pars en transe. Je me réveille le lendemain matin et je ne me souviens de rien. Heureusement, ils enregistrent tout. Voilà comment le dernier album a été fait. Tu comprends mieux maintenant l'importance de la chipo dans notre groupe.
FT : Un dernier mot
D : Si ça t'a plu, reviens moustachu et si t'aimes pas fait toi une chipolata.
L'interview est fini, nous nous séparons, ils vont rejoindre leur véhicule garé au parking « Wurtz », à Paris... Seuls les germanophones peuvent comprendre! Wurst = saucisse, en allemand.
Interview réalisée par Franck Taisset pour Caleluna.
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