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Un baladin des AOC, réhausseur de goûts

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A propos de

Un spectacle joyeusement foutraque, une fête étonnante pour les sens, débordante de mots et d'énergie. Mille mots, autant de comparaisons, plus encore de rapprochements ne suffiraient pas à décrire exhaustivement ce voyage aux détours aussi imprévus que savoureux dans lequel Sébastien Barrier nous entraîne.


Ce soir-là, au théâtre Au Fil de l'eau (quel nom à propos pour y parler crus et cuvées) de Pantin, un problème technique de vidéo avait fait durer l'attente. Et le conteur de remarquer qu'un décalage de 20mn dans un spectacle de 6h, c'était de l'ordre du négligeable.
6h promettait/prévenait-il. Car il n'était point pressé de rejoindre son hôtel Ibis.


Le programme nous avait déjà mis en garde : ici point question de prestation minutée, répétée et rôdée à quelques poussières de secondes près : "Durée selon l'humeur du conférencier".
Celui-ci d'ailleurs en nous exposant le programme de la soirée assumait cette durée "baromètrée" : "il y a des salles où l'on met les gens dehors, d'autres où l'on part avant eux."
C'était autant une demande qu'un défi : à l'auditoire de lui donner envie de poursuivre son récit, jusqu'à plus soif. Et comme nous étions là pour voyager ensemble, traverser une soirée, partager une veillée, sur les tables étaient posés des assiettes contenant fruits secs et fromages pour accompagner notre dégustation.

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Sur la trame de sa conférence, il broda des histoires cousues du fil fougueux de l'improvisation : entre autres, comment des malotrus cassèrent la veille la vitre de son camion alors qu'il était attablé dans un restaurant chinois. Mais pas (de funambule) à pas (de cafetier), il s'approchait du vif du sujet : ses rencontres avec le vin naturel et au-delà ses échanges avec ceux et celles qui puisent dans la terre et la vigne qu'ils choient ces nectars de choix, sans sulfites rajoutés.


Et le bateleur-bonimenteur suivant le fil conducteur de la Loire projetée en toile de fond d'en rajouter dans le préambule avant de nous servir des bulles.
Il nous présenta son chat . Le dit félin, après s'être prêté aux fantaisies de son maître qui l'entraînait dans une sorte d'équilibrisme canin minimaliste, retourna à sa vie de chat, déambulant entre les tables, récoltant des caresses et revendiquant son droit à la paresse, droit exercé par plusieurs siestes.
L'assemblée, un peu décontenancée par endroits buvait déjà ce flot de paroles, qui malgré moult digressions finissait toujours par retomber sur ces pieds, regagner le fil conducteur du terroir ligérien en des pirouettes aériennes.


Et nous voilà ballottés, bringuebalant dans des trajectoires humaines qui conduirent ces hommes et ces femmes au pied de la vigne, qui les firent se courber sur les ceps, récolter le jus de la treille.
Ici pas de name-dropping si prisé dans les restos bobos. Sébastien Barrier ne se contente pas de noms. Ses chouchous, ses amis vignerons, il les fait parler, les imite, les a même parfois traînés jusque dans les studios de RadioFrance. Il projette les photos et vidéos issus de sa tournée accomplie avec une photographe et qui s'est singulièrement compliquée en fonction des emplois du temps changeants de chacun et chacune. Et au cours de ce banquet déjanté, on va à la rencontre de Marc Pesnot, Agnès et Jacques Carroget, Jérôme Lenoir, Agnès et René Mosse, Pascal Potaire et Moses Gadouche, Thierry et Jean-Marie Puzelat, Noëlla Morantin.

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Chaque goutte goûtée est chargée d'anecdotes, de tendresse, d'humour.
Entre deux verres et deux éclats de verve, des tartines apparaissent sur les tables. La parole s'efface derrière des séquences musicales avec l'homme orchestre à la guitare et une lecture très habitée du Journal d'un morphinomane. La nuit est de moins en moins jeune, la raison vacille légèrement (avec ces quilles Sébastien Barrier fait un strike dans le convenu) mais l'humanité flamboie, les yeux brillent, on rie, on cause, on se plonge dans la vérité et l'absolu de l'instant.


Soudain le dernier vin, on le sirote et on savoure quelques secondes le silence et la lumière retrouvés mais très vite la nostalgie guette. On voudrait bien qu'il en débouche encore une de ses boutanches magiques de derrière les fagots. Qu'il nous en bouche encore un coin avec son érudition espiègle et son auto-dérision de bègue...
Mais la vie n'est pas un tonneau des Danaïdes...
Sortie de salle en frôlant l'artiste dans la nuit noire (2h guettait déjà quand je pris congé de l'assemblée déjà clairsemée mais encore bien vivante) avec une soif vivace de vins naturels et de spectacles qui bifurquent loin des grands boulevards.

Chronique de Nathalie Ruas pour Caleluna.fr

 

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