Bettina Rheims
A propos de
Des premières photographies aux travaux personnels les plus récents, l'exposition, pensée comme un cheminement, mêle les séries légendaires, les images iconiques de Bettina Rheims et certains travaux plus confidentiels ou qui n'ont encore jamais été montrés en France. Ni thématique ni chronologique, ce parcours sensible s'attache à mettre lumière les obsessions de Bettina Rheims autour de son sujet de prédilection : la femme, dans tous ses états. La féminité, questionnée, exposée, magnifiée est le fil rouge qui parcourt les trois étages de la Maison Européenne de la Photographie, ménageant des effets de surprise et des mises en parallèle inattendues entre les 180 images présentées.
Entraînant d'emblée le visiteur au milieu des personnages qui peuplent l'œuvre de Bettina Rheims, la première salle de l'exposition en est une véritable introduction visuelle. Devant ces premiers tirages, monumentaux, intimidants ou émouvants, troublants ou fascinants, le visiteur est confronté, dans un face-à-face grandeur nature, aux codes de la féminité et plus largement à la question de l'identité. Car l'œil de Bettina Rheims embrasse les transgressions et abolit les conventions pour révéler l'intimité la plus profonde et la plus universelle. Dès lors, c'est un jeu de miroirs qui s'enclenche...
Bettina Rheims s'est approprié les codes de la photographie de nu pour les détourner et placer la question de la féminité au cœur de sa pratique. Elle met en danger autant qu'elle sublime la beauté de ces modèles. Mises à nu, vacillantes ou triomphantes, elles bousculent et intimident le spectateur. Au-delà de la question de la féminité, Bettina Rheims a également exploré la question du genre, repoussant les codes de la représentation avec sa série Modern Lovers (1990), présentée ici conjointement avec son pendant le plus récent, Gender Studies (2011) et la série des Espionnes (1992). Il s'agit toujours d'une mise à nu, des corps mais aussi des sentiments profonds de ces êtres qui se révèlent dans un entre-deux équivoque. Cet intérêt pour l'équivoque et le jeu des contraires transparait également dans la série Shanghai (2002). Photographiant des situations inattendues, Bettina Rheims montre les femmes chinoises partagées entre la culture avec laquelle elles ont grandi et une modernité fantasmée.
Portraitiste brillante, Bettina Rheims a su imposer dans l'imaginaire collectif les visages qui peuplent son monde. Ses héroïnes, les femmes anonymes ou célèbres passées devant son objectif, sont photographiées avec la même bienveillance, comme tend à le montrer la scénographie de l'exposition, qui présente en regard, les portraits des idoles de la musique des années 2000 et ceux des femmes détenues dans les prisons françaises, sa toute dernière série. Bettina Rheims est avant tout une faiseuse d'images, qui défend dans sa pratique une tradition picturale séculaire. La plupart des photographies de Bettina Rheims témoignent de cet héritage, par un travail sur la composition et la narration notamment. Elles sont construites pour raconter une histoire, que ce soit celle du Christ dans la série I.N.R.I. (2000) ou encore celle de ces Héroïnes (2005), mystérieuses allégories de la mélancolie, série qui marque, pour Bettina Rheims, un retour à la tradition de la chambre photographique.
Carte de visite
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