Caleluna

À partir d'elle. Des artistes et leur mère

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LE BAL présente une exposition dédiée aux regards posés par 25 artistes sur leur mère.
Le corpus d'œuvres choisi, qui s'étend des années 1960 jusqu'à nos jours, revient sur les travaux notamment de Sophie Calle, Christian Boltanski, Michel Journiac, Anri Sala, Lebohang Kganye. Dépassant le pur témoignage d'une relation intime inévitablement singulière, ces œuvres sont construites à partir de dispositifs formels et conceptuels impliquant le corps, la figure ou le personnage de la mère dans le processus créatif. Qu'elles cherchent à incarner la réalité de la présence ou les effets de l'absence, toutes ont en commun de considérer la filiation comme une manière de repenser les relations archétypales, entre critique sociale, quête de soi, conjuration ou apaisement.

A propos de

« Sans doute je serai mal, tant que je n'aurai pas écrit quelque chose à partir d'elle ». Cette phrase de Roland Barthes dans son Journal de deuil en date du 15 décembre 1978, un peu plus d'un an après la mort de sa mère, annonce l'écriture au printemps 1979 de son célèbre ouvrage La Chambre claire. Essai théorique sur la nature du médium photographique, le texte s'articule autour d'une quête : retrouver, en image, la vérité du visage aimé, celui de sa mère disparue.

La mère, dont le regard est certainement le premier miroir de soi mais aussi du monde qui nous entoure, reste l'un des motifs fondamentaux de l'histoire de l'art. Les oeuvres assemblées ici, éminemment distinctes tant par les contextes dans lesquelles elles ont été conçues (sociaux, géographiques, temporels) que par les approches formelles et esthétiques qui ont guidé leur réalisation, ont toutes en commun de dépasser le seul témoignage intime. Entre critique sociale, quête de soi, conjuration ou apaisement, qu'elles incarnent la réalité de la présence ou les effets de l'absence, toutes mettent en jeu la question de la filiation et ce qu'il en reste.

Celle que nous croyons si bien connaître n'est-elle pas toujours une énigme, une image qui requiert un acte conscient, volontaire, de mise au point – Asareh Akasheh, Gao Shan, Dirk Braeckman, Hervé Guibert ? Son histoire, celle tue ou celle transmise, en héritons-nous – Anri Sala, LaToya Ruby Frazier, Michele Zaza, Karen Knorr ? Quand un éloignement physique s'impose, comment combler la distance – Mona Hatoum, Chantal Akerman ? Dans ces tête-à-tête, l'implication volontaire de la mère au sein des dispositifs formels imaginés par les artistes devient souvent propice à l'humour et à l'irrévérence – Ragnar Kjartansson, Ilene Segalove, Hannah et Bernhard Blume – quand ils ne sont pas l'occasion d'interroger, défier ou repenser les règles d'un ordre social et moral pesant voire annihilant – Michel Journiac, Christian Boltanski, Mark Raidpere. Enfin quand la mère tend à disparaitre – Jochen Gerz, Paul Graham, Pier Paolo Pasolini – ou qu'elle n'est déjà plus, comment se construit une nouvelle image – Lebohang Kganye, Sophie Calle, Rebekka Deubner, Ishiuchi Miyako, Hélène Delprat ?

De personnage, la mère devient ici figure, d'accès au monde, de jeu, d'identification, mais aussi de perte et de nostalgie : « Pour vous livrer le fond de mon émoi, l'image de ma mère » – Samuel Beckett.

Carte de visite

Jusqu'au 25 février 2024

www.le-bal.fr/