Bettina Rheims "Vous êtes finies, douces figures"
Femme photographe de la femme, dit-on souvent de Bettina Rheims. Des femmes est plus juste. De femmes qui ne se réduisent pas à une allégorie de la beauté ou du désir, comme on en a tant vu depuis l'invention de la photographie.
A propos de
Les siennes guerroient contre la réduction du féminin à un corps contraint par des dogmes : Femen défendant leur liberté. Elles refusent que la distinction du féminin et du masculin ne puisse être transgressée : transsexuel(le)s des Gender studies. Elles s'échappent des imageries dans lesquels l'industrie du spectacle les fige : héroïnes qui ne cherchent pas à séduire, mais à s'affirmer pour celles qu'elles sont, chacune selon sa vie, son âge, son histoire. Ce sont des êtres de chairs et de sang, avec leurs regards et leurs signes distinctifs, et non des effigies ou égéries parfaites.
Bettina Rheims se saisit des stéréotypes qui dominent la représentation des femmes, les déstabilise, les détourne et, pour finir, les détruit. Elle n'invente pas des icônes, comme on dit aujourd'hui, mais célèbre des êtres réels - aussi réels que ceux qu'ont fait surgir les artistes d'Afrique dont statues et masques les rejoignent ici : corps terriblement présents, visages intensément vivants. Le studio de la photographe, où les polaroids des Héroïnes ont été pris, est peuplé d'autres sculptures d'Afrique et d'Océanie, soeurs de celles qui sont ici. Car, ici, comme dans son atelier, des femmes du monde entier conversent librement entre elles.
Carte de visite
Jusqu'au 3 juin 2018
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