L'Atelier d'Alberto Giacometti vu par Jean Genet
Pour la première fois à Paris, une exposition est consacrée aux relations d'amitié et de profonde admiration entre Alberto Giacometti et Jean Genet, qui se sont rencontrés en 1954 par l'intermédiaire de Jean-Paul Sartre. Leur amitié conduit Jean Genet, devenu modèle, à rédiger l'un des plus beaux textes de la littérature sur l'art moderne, L'Atelier d'Alberto Giacometti.
A propos de
Soixante ans après sa sortie aux éditions L'Arbalète, cet ouvrage demeure l'un des témoignages les plus précieux sur le travail de l'artiste et une description unique de son univers de création. Construit autour de ce texte, le parcours de l'exposition illustre les trois principaux thèmes abordés par Genet : l'atelier, la représentation de la femme, la mort.
Avec la reconstitution permanente de l'atelier de l'artiste, le visiteur découvrira ce que Genet, considérait comme « la plus importante et la plus totale » des œuvres de Giacometti, « son autre moi, l'essence et le résidu ultime de son apport artistique ». C'est dans cet espace mythique, environné de poussière et plongé dans le silence, que Genet, assis sur une chaise en paille inconfortable, pose à plusieurs reprises, entre 1954 et 1957. Entre les deux hommes s'établit un dialogue intense, qui dévoile l'essence même de l'art et de la personnalité de Giacometti.
Décrivant les œuvres qui l'environnent, Genet s'arrête sur les figures de femmes debout. Parmi celles-ci, celles que l'artiste associe à sa fréquentation des bordels, espaces de mise en scène des corps que le regard de l'artiste transforme en déesses. Ce sont ces mêmes femmes longilignes, immobiles, que Giacometti représente sur la couverture de la célèbre pièce de théâtre de Genet, Le Balcon. Comme Genet, Giacometti est fasciné par la mort, sujet qui hante son œuvre tout au long de sa carrière. Ses sculptures et peintures montrent un monde à la frontière de la vie, habité par l' «innombrable peuple de morts » décrit par le poète.
À côté d'œuvres emblématiques comme le groupe des Femmes de Venise en plâtre de 1956, présenté pour la première fois en France, figure un ensemble d'œuvres vues par Genet à l'atelier, ainsi que le célèbre portrait peint de l'écrivain conservé au Centre Pompidou.
Le manuscrit original de L'Atelier d'Alberto Giacometti, une sélection de dessins et d'esquisses, dont certains inédits, des carnets, photographies et archives vidéo provenant du riche fonds de la Fondation, complètent cet ensemble et contribuent à éclairer la relation unique qui liait ces deux génies rebelles du XXe siècle.
Carte de visite
Jusqu'au 16 septembre 2018
www.fondation-giacometti.fr/fr