A propos de
Maquillé comme un Pierrot lunaire, un travesti de la Factory de son idole « Andy Warhol », ou un comédien d'un film d'horreur en noir et blanc du temps du muet, en collants et bottes de chasse Country Life, avec ses dents de Nosferatu anglais, torse nu ou en costume et chemise blanche de dandy plastic soul, en marin ambigu comme son « Jean Genie », les cheveux mouillés, pour finir, coiffure plaquée, en sosie magnifié de son voisin vaudois Patrick Juvet : des derniers instants zébrés de Ziggy Stardust à l'insolent toupet Agent Orange au printemps 1973 à la tournée Heathen passée par l'Olympia puis le Zénith en 2002, l'infatigable Claude Gassian a shooté toutes les métamorphoses successives de David Jones, alias Bowie, la plus transformiste des rockstars. Ex-fan des Sixties qu'il célèbrera dans Pin-Ups, lançant ainsi la manie rétrovisionnaire dès 1973, ancien membre de formations maximum rhythm'n'blues qui ne connaîtront aucun succès, c'est en se réinventant à travers différents modèles (Iggy Pop, Vince Taylor, Lou Reed), que Bowie trouvera son identité, Persona divulguée à travers autant de masques, comme dans le théâtre nô japonais, et de personnages, chroniquant les avatars du « Major Tom » de « Space Oddity » à « Ashes To Ashes », devenant tour à tour « Ziggy », « Halloween Jack », le « Thin White Duke », « L'Homme qui venait d'ailleurs », jusqu'à la rockstar globale triomphante enfin réconciliée avec ses facettes du printemps 1983 qui imposera à la planète entière le slogan hédoniste le plus succinct qui soit : « Let's Dance ».
Mais comme ces clichés et cette Collection le démontrent s'il en était besoin, il y a toujours plus derrière Bowie que ce qu'il veut bien en montrer, et son éclectisme – de Cream à Sinatra – recèle une élégance et une créativité toujours challengée qui en font l'un des artistes les plus influents de l'ère rock. Conçue comme un échantillon prélevant un titre de chacun de ses albums originaux de la période RCA (1969-1980), cette compilation, plutôt que d'égrainer les tubes, constitue une invitation au voyage dans différents précis de cette tant fantasmée « Teenage Wildlife » qu'il s'est échiné à conjurer sous toutes ses formes. Yves Bigot
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