La passion selon Carol Rama
Jusqu'au 12 juillet
A propos de
Le Musée d'Art moderne de la Ville de Paris présente, pour la première fois en France, une rétrospective à l'artiste italienne Carol Rama. Marginalisée par l'histoire de l'art et par le mouvement féministe, l'œuvre de Carol Rama a traversé tous les mouvements d'avant-garde du XXe siècle (surréalisme, art concret, pop art, arte povera, soft sculpture...), tout en restant inclassable. La férocité de son travail, qui oscille entre l'abstraction et la figuration, invite à revisiter les courants artistiques officiels mais aussi les catégories établies.
L'exposition La Passion selon Carol Rama révèle les multiples facettes du travail de cette artiste. La scénographie entend reprendre l'image d'une "anatomie" fragmentée, dans une lecture mi-chronologique, mi-thématique, la plus à même de dévoiler toute la complexité obsessionnelle de l'œuvre de Carol Rama.
Cet œuvre forme un corps hybride, où les sujets et les techniques ne font qu'un : de la "bouche-aquarelle" au "pénis/sein-caoutchouc", en passant par "l'œil-bricolage".
Ces différentes séries, en apparence hétérogènes dans leurs thématiques et dans leurs matériaux, dessinent un ensemble cohérent autour de sujets tels que la folie, le fétichisme, l'ordure et le dévalué, le plaisir, l'animalité, la mort.
Autodidacte, née en 1918 à Turin et issue d'une famille bourgeoise catholique traditionnelle, Carol Rama déclare : "Je n'ai pas eu besoin de modèle pour ma peinture, le sens du péché est mon maître." Depuis ses premières aquarelles censurées des années 1930, elle invente son propre système visuel, contrastant avec les représentations modernistes et normatives dominées par la vision masculine. Carol Rama se tourne vers l'abstraction à partir de 1950, se rapprochant de l'art concret, dont elle livre une vision organique. Vingt ans plus tard, elle crée une "image-matière" à partir de pneus découpés, d'une facture minimale et sensuelle. En 1980, elle revient à la figuration, avec des aquarelles peintes sur des planches d'architecture. Sa dernière grande série réalisée dans les années 2000, qui s'inspire de la "mucca pazza" (épidémie de la vache folle), consiste en des compositions provocantes encaoutchouc, que l'on pourrait qualifier de povera queer.
A l'opposé de l'atelier d'artiste lumineux, l'appartement de Rama est une chambre obscure savamment mise en scène, où cohabitent une multitude de portraits, d'oeuvres et d'objets : matériaux bruts servant à ses pièces, statuettes primitives ou religieuses, objets pop. Sélectionnés avec Maria Cristina Mundici (Archivio Carol Rama), des objets dialoguent ici avec une installations de photographies de la casa studio réalisées par Bepi Ghiotti, sur une bande-son originale de Paolo Curtoni, mixant des sons enregistrés dans l'appartement, avec des captations de la voix de l'artiste.
Figure solitaire et excentrique, loin des collectifs et des modes, Carol Rama a cependant, tout au long de sa vie, fréquenté des artistes et des intellectuels, tels que Carlo Mollino, Edoardo Sanguineti, Lea Vergine, Man Ray, et aussi croisé Pier Paolo Pasolini ou Andy Warhol. Elle apparait aujourd'hui comme une artiste incontournable pour comprendre les mutations de la représentation du XXe siècle. Lion d'Or à la Biennale de Venise en 2003, et à nouveau présenté dans l'édition 2013, son travail suscite aujourd'hui un grand intérêt auprès des institutions, des historiens de l'art et des artistes.
Carte de visite
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